Une rapide présentation :
L’Aïkido est un ART MARTIAL Japonais créé par synthèse d’anciens arts de combats, en particulier le Ju-Jitsu.
De nombreux éléments philosophiques inspirés par des principes de non violence, parmi lesquels le ZEN, sous-tendent cette discipline.
Le nom Aïkido est formé des 3 idéogrammes en Japonais :
AÏ : signifie HARMONIE
KI : signifie ENERGIE
DO : signifie VOIE (se dit Tao en Chinois, mais c’est le même idéogramme)
La pratique de cette discipline non compétitive ne vise pas à la destruction de l’adversaire, mais au contraire elle vise à un échange d’énergie propre à désamorcer l’agression et à évacuer la situation de conflit.
Face à une attaque le pratiquant d’AÏKIDO utilise prioritairement l’esquive. Ce qui suppose vigilance, présence d’esprit et même intuition.
Suite à l’esquive et pour éviter tout heurt, il guide l’attaque de son partenaire en le contrôlant jusqu’au point de déséquilibre. A ce moment l’échange se termine par une projection ou une immobilisation selon l’opportunité.
Toutes les techniques d’AÏKIDO s’inscrivent dans une série de mouvements circulaires.
Outre les techniques à mains nues et pour enrichir la pratique, l’AÏKIDOKA travaille dans le même esprit avec le JO (bâton) et le BOKEN (sabre de bois) . Ce travail aux armes représente de 15 à 20% du temps de pratique.
La principale caractéristique de la discipline Aïkido est l’absence de compétition .
La compétition avec ses règles très strictes relève du sport.
Cette absence de compétition permet naturellement à chaque pratiquant de travailler à son propre rythme.
Harmonie et équilibre caractérisent les techniques de l’AÏKIDO qui à travers elles, constituent une méthode d’éducation complète.
Au delà du caractère de self-défense, cet art martial « philosophique » vise à l’épanouissement physique, mental et relationnel de l’individu.
Les grades et l’enseignement :
L’AÏKIDO est une des 3 disciplines martiales majeures en Europe et en particulier en France.
Les autres sont le Judo et le Karate ainsi que la version Coréenne du Karate : le Tae kwondo.
En France ces disciplines sont complètement encadrées par les textes et règlements officiels du ministère de la Jeunesse et des sports.
Les grades de ceintures noires d’Aïkido sont ainsi , comme les grades de ceintures noires de Judo et de Karate, des grades d’état.
Pour obtenir le grade de ceinture noire 1° DAN ( 1er degré) il faut effectuer de 4 à 5 années de pratique régulière au rythme de 2 à 3 entraînements par semaine. Les grades les plus élevés en France sont à ce jours les grades de Ceintures noires 7°DAN . Il y en a environ une dizaine. Au Japon , on trouve 4 à 5 porteurs de 9° DAN.
Durant les 4 à 5 premières année de pratique, l’Aïkidoka passe des grades Kyu ( degré avant la ceinture noire): du 6° au 1° Kyu .
L’absence de compétition impose des passages de grades sous forme de démonstration technique : l’un des pratiquants se contente d’attaquer dans des formes imposées, l’autre se défend .
Il y a 18 formes d’attaques conventionnelles parmi lesquelles on trouve : des saisies de poignet, de manche, des frappes, des coups de poing , des coups de pied , des saisies arrière et des étranglements.
C’est le jury (le prof du club pour les grades Kyu , une commission officielle régionale ou nationale pour les grades DAN) qui impose la forme d’attaque et le mouvement à réaliser dans les passages de grades. Leurs durées varient selon le grade de 10 à 20 min.
Le passage de grades DAN se termine par un randori : c’est un travail libre contre 2 ou 3 adversaires qui attaquent à leur guise
La mesure de la performance s’effectue par le jury en appréciant :
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la connaissance formelle des techniques ( pour les grades Kyu et 1er DAN ) mais aussi :
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la vitesse, la fluidité , la sérénité, l’opportunité des esquives et des techniques mises en œuvre durant le travail libre et bien sûr le fait que l’exécutant ne se soit pas fait toucher .
La discipline est une discipline officielle en France ; en conséquence son enseignement est obligatoirement assuré par des enseignants diplômés d’état (Brevet d’état d’éducateur sportif 1° ou 2° degré) ou par des enseignants munis d’un brevet fédéral. La fédération d’appartenance du SUC Aïkido, la FFAAA, est bien sûr une fédération officielle agréée par le ministère de la jeunesse et des sports.
Une particularité de l’Aïkido : le Hakama.
Ce qui frappe bien souvent le spectateur qui regarde la première fois un cours d’Aïkido , c’est la présence d’un Hakama noir sur le kimono blanc pour la plupart des pratiquants.
Cette jupe culotte noire ou bleue marine (rare) se porte au-dessus du pantalon du kimono à partir du grade de 2° Kyu. Cela correspond à 3 ans de pratique environ.
Le port du Hakama permet au pratiquant de mieux prendre conscience du centre du corps , le Hara. C’est le centre énergétique autour duquel s’organisent tous les mouvements dès qu’ils redeviennent naturels .
La notion de « hara » est fondamentale dans un art martial asiatique. Ce point situé approximativement 5 cm en- dessous du nombril et 3cm vers l’intérieur, est le centre énergétique mis en œuvre également – au moins mentalement – dans les exercices de respiration .
Il est d’ailleurs très proche du centre de gravité pour une personne debout, immobile avec les bras le long du corps..
Le port du Hakama est une vrai découverte pour le pratiquant qui atteint le 2° Kyu : les sensations changent. L’image qu’il a de son corps se trouve également transformée.
A cet aspect fondamental s’ajoutent des aspects pratiques : le Hakama cache les mouvements de jambes et la répartition des appuies .
Par ailleurs certains pratiquants d’Aïkido, suivant en cela les conseils de grands experts , pratiquent l’art du dégainage et de la coupe avec un sabre japonais (katana ou Iaïto). Cette discipline connexe à l’Aïkido porte le nom de Iaïdo. C’est une discipline qui se pratique seul.
Le port du hakama devient obligatoire avec l’usage du sabre : seul la présence du hakama permet de recevoir convenablement le fourreau.
La composition d’une séance.
Une séance d’Aïkido dure de 1h (classiquement au Japon) à 2h (plus classique en Europe). En fait elle fait très souvent 1h 30.
Elle commence, comme toute séance de pratique d’un art martial, par une phase de préparation physique et mentale.
Celle-ci dure de 10 à 15minutes et mélange des exercices classiques d’activation cardio-pulmonaire avec des mouvements traditionnels de respiration , d’étirements légers qui sollicitent l’ensemble des chaînes articulaires.
La phase de préparation se termine par des exercices de déplacement (Taïsabaki) et le travail des chutes et roulades : les Ukémis .
Classiquement ce sont 3 types de roulades qui sont travaillés : roulade arrière avec retour vers l’avant, roulade arrière complète et roulade avant.
La maîtrise de ces roulades est essentielle pour pouvoir progresser dans la discipline. Cette maîtrise assure la protection de celui qui après avoir attaqué est amené à chuter pour éviter l’action de la technique portée. Les chutes en Aïkido diffèrent fondamentalement des chutes de Judo : il n’y a pas, sauf exception, de brise–chute comme en Judo (la main tapant sur le tapis).
Les chutes en Aïkido se font sur le principe de la roulade en diagonale sur le dos, donc en minimisant le contact entre la colonne vertébrale et la surface sur laquelle on roule.
Les chutes en Aïkido sont prévues pour être réalisées sur une surface quelconque : du carrelage , la rue, etc.
Puis c’est la phase principale de la séance : l’enseignant démontre une technique sur une forme d’attaque bien spécifiée, 4 ou 5 fois y compris au ralenti avec l’indication des points clés.
Puis les pratiquants répètent , chacun à leur tour . Chaque pratiquant exécute le mouvement 4 fois : 2 fois à droite , 2 fois à gauche. Puis les rôles s’inversent.
Quatre à cinq mouvements différents sont travaillés durant une séance d’une heure trente.
Le mélange de mouvements de projection et d’immobilisation permet à l’enseignant de moduler l’effort demandé.
Selon les groupes de niveaux il est possible en fin de phase principale d’organiser des applications : mélange, au gré des exécutants, de diverses techniques sur une même forme d’attaque ou travail libre avec des consignes particulières.
En dernière phase et après un exercice de retour au calme, des étirements qui visent particulièrement les jambes sont pratiqués de 10 à 15 minutes.
Cette dernière phase contribue aussi à minimiser les courbatures du lendemain.
L’avenir de la discipline.
L’Aïkido est une activité très développée en France et dans le Monde . Plus de: 60 000 pratiquants sont licenciés en France dans 1500 clubs.
Les motivations des nouveaux inscrits sont souvent très diverses : recherche d’une discipline d’auto- défense, pratique saine, complète et non compétitive . La compétition existe suffisamment dans tous les aspects de nos sociétés . En Aïkido le combat n’est pas avant tout contre l’autre mais contre nos propres blocages et crispations, physiques mais aussi et surtout mentales.
C’est le point fort de cette discipline : son accessibilité au grand nombre quel que soit l’âge et le sexe (35% d’effectif féminin) .
Accessibilité et universalité qui sont dues à la fois à l’absence de compétition et à la structure même de la discipline : mouvements harmonieux à distance de bras (très souvent) du partenaire.
La finalité de recherche de sérénité dans un contexte de conflit simulé, rejoint parfaitement d’autres disciplines non compétitives telles que le Taïchi ou le Yoga. Mais avec une forme beaucoup plus dynamique que ces 2 pratiques voisines.
Ce voisinage apparaît jusque dans la dénomination. Pour le Taïchi le caractère Chi (se prononce Tchi) chinois correspond au Ki d’Aïkido , donc là aussi c’est un travail sur l’ »énergie vitale ».
Et la traduction la plus approchante de Yoga est « union ». Union et cohérence dans l’attitude physique mais aussi mentale. Comme en Aïkido.
Puis recherche de l’union ou de l’harmonie avec l’environnement, même si celui-ci est agressif.
Dans une société en perte de références à cause d’un rythme trépidant et d’un abandon d’anciennes valeurs, l’Aïkido fournit , à ceux qui aiment bouger et faire travailler leur corps, des éléments d’évaluation et d’appréciation de ce qui nous entoure .
Cela sans aucun message particulier : la pratique de l’Aïkido se suffit à elle même.
Paul Muller 7° DAN d’Aïkido