Articles Aïkido

Quel est l’Aïkidoka qui n’a jamais entendu comparer sa discipline à un ballet ?

Et si des néophytes l’interprètent ainsi c’est certes dû à la présence des Hakamas qui soulignent et amplifient les mouvements des pratiquants en action, mais aussi simplement parce que l’Aïkido impose de nombreux, amples et parfois complexes déplacements.

Et pourtant malgré l’apprentissage quasi systématique par les débutants des Taïsabaki de bases dès les premières séances, bien rares sont les enseignements ou les enseignants qui se concentrent sur cet aspect.

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Par Paul Muller

Article pour la revue Dragon – Le 1er décembre 2017.

C’est avec ces « ambassadeurs-missionnaires » qu’ont été les experts Japonais arrivés en France dans les années 50 et 60, que l’Aïkido a pu connaître le développement qui a été le sien en France d’abord et dans toute l’Europe par après.

Je n’ai pas connu le tout premier de ces Maîtres : Tadashi Abe Sensei (1926 -1984), mais il a marqué l’esprit et la technique des anciens tels que Roberto Arnulfo et Alain Guerrier. Arrivé à Marseille en 1952 Tadashi Abe Sensei retourne au Japon en 1960.
C’est au travers de ses relations amicales avec Mikinosuke Kawaishi Sensei (8° dan de Judo) qui développait le Judo en France, que Tadashi Abe Sensei a pu toucher un grand nombre d’enseignants. C’est en effet lors de stages pour enseignants animés par Kawaishi Sensei , qu’Abe Sensei a pu présenter l’Aïkido et convaincre des enseignants de Judo d’ajouter une corde à leur arc en étudiant cette autre discipline martiale Japonaise. Il avait été envoyé officiellement par le centre mondial d’Aïkido Hombu Dojo de Tokyo pour présenter et développer l’Aïkido en Europe et en Afrique du Nord.
Il avait été précédé lui-même par Maître Minoru Mochizuki arrivé un an plus tôt, mais celui-ci n’est resté qu’un an à peine. La mission de Tadashi Abe était donc de poursuivre ce travail d’implantation de la discipline.

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Parmi toutes les disciplines martiales ou sports de combat l’aïkido se distingue certes par l’absence de compétition mais aussi et surtout par la volonté affichée et concrétisée par la structure même de l’art, de se sortir d’une situation conflictuelle avec le moins de dégâts possible. Non seulement pour soi-même mais aussi et surtout pour l’éventuel agresseur. L’optimum étant d’éviter le conflit tout simplement.

Ce concept est d’abord à finalité pratique. Ne pas tuer (autrefois) ou blesser physiquement ou mentalement son opposant – ne pas même lui faire perdre la face –, cela doit éviter de laisser des « traces », physiques ou psychiques, qui elles déclencheraient l’esprit de revanche, de vendetta.

Cette notion se décline aussi sur un plan beaucoup plus élevé : ne pas laisser de traces corporelles ou mentales certes mais aussi idéalement ne pas laisser de « traces karmiques ».

Elle est également profondément ancrée dans le Bouddhisme Zen. La volonté de réduire au mieux les conséquences d‘une défense, rejoint la recherche de l’acte naturel où toute « action parfaite » est réalisée « sans s’attacher aux fruits ». Alors seulement elle ne laisse aucune trace (1).

Une autre façon de l’exprimer consiste à parler d’une action désintéressée et naturelle. Y compris dans ce que l’on est amené à faire éventuellement pour se défendre. Il s’agit de ne rien faire si ce n’est pas vraiment nécessaire ou si cela ne s’impose pas naturellement. Plus encore, il faut déjà dans la pratique quotidienne de la discipline, songer à arrêter son coup, sa force, sa frappe(Jo) ou sa coupe (Ken, Iaïto, Shinken) dans le travail des mouvements de base. C’est ainsi, sur un plan plus élevé, travailler avec un esprit de mansuétude, de miséricorde.

C’était un leitmotiv chez Nishio Sensei (1927 – 2005) lorsqu’il enseignait.

Et ce n’est pas par hasard qu’il a intitulé son seul ouvrage (2) écrit sur l’Aïkido : « Aïkido –Yurusu Budo ». Ce qui peut se traduire par : « l’Aïkido - le Budo du pardon, de la mansuétude ».

La traduction anglaise que propose l’ouvrage pour Yurusu Budo est : « Budo of acceptance ». Dans cette perspective notre discipline est basée sur une acceptation réciproque, d’abord celle de Tori (l’attaqué) qui va accepter l’attaque pour bien sûr esquiver au tout dernier moment. Puis dans le déroulement de la technique ce sera Uké (l’attaquant initial) qui sera amené à accepter un changement important de situation. C’est aussi pourquoi Nishio Sensei parlait de l’aïkido comme d’un échange, d’un exercice d’accueil et de tolérance.

Nishio Sensei répétait souvent que, dans la plupart des techniques soit à mains nues soit au Ken, au Jo ou au sabre, on a 4 ou 5 opportunités d’en finir brutalement par une frappe (atémi à un point vital) ou au sabre par une coupe. L’idéal de la pratique de l’Aïkido est cependant de ne pas en faire usage. D’abord cela permet, dans les Kumitachis qui reproduisent des techniques d’aïkido à mains nues, d’effectuer le mouvement complètement. Mais ceci permet aussi en quelque sorte d’interroger son « partenaire-adversaire » à chaque étape où s’exerce cette mansuétude : voulons-nous vraiment cela ?

 

Nishio Sensei et Paul, CREPS de Strasbourg 1996.

L’Aïkido offre ainsi une nouvelle voie : celle d’un Budo de l’accueil, de l’acceptation.

L’Aïkido a été créé par son fondateur O Sensei Morihei Ueshiba pour permettre de suivre ce chemin : celui de vivre, laisser vivre, d’accueillir, de pardonner au travers de chacune des techniques de base.

Cette idée est présente dès l’abord. En Aïkido pas de « garde » ou de posture d’attente particulière qui pourrait déjà s’apparenter à une provocation. Juste une posture naturelle. Le Kamae (la garde) est alors caractérisé de Mu-Kamae (« sans garde »). Sans garde physique apparente certes mais pas au niveau mental où la garde (vigilance et concentration) est bien présente. C’est le cas à mains nues, mais aussi au Ken ou au sabre avec Nishio Senseï.

Puis on retrouve aussi cette idée tout de suite après l’attaque, après le De-Aï (prise de contact) où se produit la phase importante de « Michibiki », « la conduite » du partenaire-adversaire. C’est dans cette phase que s’exprime tout l’esprit de la discipline, puisque cette phase va montrer physiquement que les 2 acteurs de l’échange, sont passés d’une situation d’opposition (avant et pendant l’attaque) à celle d’un suivi d’une même direction dans la technique qui se développe. Et si le mouvement se déroule comme prévu ils ne forment plus qu’UN, jusqu’à la conclusion, l’Ukémi ou le contrôle au sol (Osae).

Ceci est exprimé au mieux par les paroles même d’O Sensei : « Le vrai BUDO est une œuvre d'Amour. C'est donner la vie à tous les êtres et ne pas tuer ou lutter contre les autres. L'Amour est la déité protectrice de toutes choses. Rien ne peut exister sans lui. L’Aïkido est une réalisation de l'Amour.

Le véritable BUDO est une protection aimante de tous les êtres dans l'esprit de réconciliation. Réconciliation pour accomplir sa propre mission. Le secret est de s'harmoniser avec le mouvement de l'univers et de se mettre en accord avec l'univers lui-même. »

Pour arriver, ne fut-ce qu’un peu, à approcher cette voie, cet esprit particulier d’ouverture, d’accueil, de tolérance, donc finalement d’amour qui doit sous-tendre tout travail en Aïkido, c’est l’ego qu’il faut réduire. Et le mode de pratique, la façon dont est mené le Keiko (la pratique) doit y conduire.

C’est le rôle même du Dojo.

Le mot DOJO, qui est initialement un terme religieux, désigne le lieu pour parvenir à la réalisation de la Voie. C’est un lieu où l’on est exposé, où l'on faisait face, autrefois, à la vie et à la mort, à la création et à la destruction en soi-même, à la nudité intérieure. Actuellement c’est au moins le lieu où il n'y a pas de discrimination entre riche et pauvre, jeune et vieux, homme et femme, fort et faible. C'est le lieu où devrait s’effectuer une sérieuse réduction de l’ego. Cela par le travail sur soi, physique certes mais aussi mental.

Chaque séance devrait être vécue comme un Misogi. Le concept de Misogi vient là aussi souligner l’aspect particulier que devrait prendre chaque séance d’Aïkido.

Misogi, est aussi à l'origine un terme religieux du shintoïsme. Il désigne une activité ascétique en vue d’une purification de soi. C'est donc au travers d’une pratique très intensive, destinée à provoquer un épuisement physique et mental, et ce dans un esprit d’abnégation complet que s’effectue un exercice de Misogi.

 

 

 Chiba Sensei et Paul, CREPS Strasbourg 1975.

 

 Les exercices de type Misogi ont une part importante dans la pratique des Budos traditionnels. En conséquence le fondateur de l'Aïkido, O-Sensei, lui-même shintoïste fervent, a naturellement basé son art sur le principe Misogi. Appliqué à notre discipline, il s’agit comme le disait Nakazono Sensei, de purifier le monde en se purifiant soi-même grâce à la pratique de l’Aïkido.

Pratiquer ainsi jusqu’à l’épuisement (Misogi) ou pratiquer sagement avec un rythme plus modéré comme cela est répandu dans nos clubs, les deux sont possibles. Mais il faut au moins pratiquer de façon régulière et constante, pour comprendre petit à petit avec le corps, ou le fond de soi-même et non pas simplement intellectuellement ce qu’harmonie avec un partenaire veut dire et implique.

 Sans transformer chaque Keiko en Misogi, deux éléments sont essentiels pour une séance d’Aïkido qui ne manque pas sa cible :

1°) La pleine conscience. La conscience pleine et entière de ce que l’on fait et ce que l’on vit à tout instant est un élément fondamental de la pratique. C’est la mise en œuvre du principe cher à Nakazono Sensei : « Naka Ima », « ici et maintenant ». C’est une vigilance et une présence complète qui est exigée à tout instant. Celle-là même que nous aurions s’il s’agissait effectivement d’une question de vie ou de mort. On ne devrait jamais avoir à s’excuser sur un tatami d’une action faite par inadvertance. Cette notion également mainte fois scandée par Nakazono Sensei est aussi très présente dans le Bouddhisme Zen : ne rien faire avec un esprit absent. (3)

Nakazono Sensei et Paul, Centre sportif Universitaire de Strasbourg 1973.

 

 Et c’est la mise en œuvre de cette pleine conscience qui, petit à petit, permet de dépasser l’ego, d’aller au-delà de la dualité sujet-objet, attaquant-attaqué et d’appréhender directement, avec son corps et dans le plus profond de soi-même le concept de l’unité fondamentale qui relie les 2 partenaires dans le mouvement.

Chiba Sensei qui était aussi moine Zen, ne disait pas autre chose lorsqu’il affirmait :

« La grande erreur dans l'art du sabre est d'anticiper l'issue de l'engagement ; vous ne devez pas chercher à savoir si cela se terminera par une victoire ou une défaite. Laissez simplement la nature suivre son cours et votre sabre frappera au bon moment. Il en est de même en aïkido.

Il ne faut pas prendre une attitude dualistique à ce sujet, comme la majorité, des gens qui pensent en termes de « gagner et perdre ».Au lieu de cela, je les comprends comme étant UN, en tant qu'ACTION. Le point important est qu'il ne s'agit pas seulement d’une action au sens ordinaire mais de ce que j'appellerai une ACTION PURE. Ce qui signifie une action n'ayant ni motif, ni but mais une expression corporelle dynamique de sa liberté, de sa vérité et de sa beauté intérieure : la création intérieure. »

2°) L’attitude physique. A cette attitude mentale de la pleine conscience doit correspondre une attitude physique particulière durant la pratique de l’Aïkido, celle du relâchement physique, de la décontraction. Elle se lit facilement sur les corps et les visages. Les rictus au niveau du visage, les épaules crispées et remontées sont les signes les plus évidents de l’attitude à proscrire. Et relâchement ne veut pas dire mollesse ou absence d’effort musculaire. Mais le travail du corps, les efforts fournis, les mobilisations musculaires doivent être naturels, minimiser et à terme faire disparaître toutes les crispations parasites, révélatrices de nos craintes, de nos désirs de domination, etc. Et cela libère ou induit une respiration plus naturelle, plus profonde, qui va permettre un travail plus harmonieux.

Mais ce n’est pas plus facile que l’attention. Car très souvent l’absence de crispation ou simplement de mouvements parasites, suppose aussi une dose non négligeable de détachement. Être détaché c’est-à-dire ne pas être pris (au sens mental surtout) par son partenaire ou par la situation. C’est aussi difficile ou simple parfois, à réaliser que la vigilance extrême que l’on caractérise de « pleine conscience ».

Sur un autre niveau, c’est aussi de soi-même qu’il faut se détacher.

Au plan le plus pratique il est facile de comprendre que l’on se défend mal quand on tient trop à ne rien perdre, à ne pas se blesser, ou à ne pas perdre la vie.

Mais le détachement dont il est question se situe bien au-delà d’un enjeu de combat ou de compétition. Il faut chercher à s’abandonner et se détacher de soi-même, même alors qu’on est seul chez soi assis en méditation. Et là on rejoint à nouveau une notion très ancienne et répandue dans toutes les grandes religions (lire : Jean 12 – 25, la Bhâgava Gîtâ, mais aussi Meister Eckhart, et Alan W. Watts (4) ).

Il s’agit de l’étape la plus élevée de la réduction de l’ego, peu accessible au commun des mortels mais toujours cible des chercheurs d’absolu, qu’ils soient pratiquants d’art martial ou moines.

 

 Élisabeth et Paul Muller, Université Mac Gill Montréal 2006.

 

Pour conclure, on peut associer très fortement l’esprit de l’Aïkido à l’esprit du Zen. Il faut comprendre l’Aïkido comme Zen en mouvement où la recherche est axée sur l’Unité. Union avec un partenaire, mais aussi à l’instar de Nakazono Sensei, union avec l’univers tout entier. De nombreux experts cités dans les lignes qui précèdent citent le même mot clé pour trouver ce chemin : celui de l’Amour.

 

Paul Muller 7° Dan Aïkikaï

 

(1)       « La Bhâgava Gîtâ » de Alain Porte Ed. Aléa (édition de poche).

(2)       “Aikido -Yurusu Budo “ by Shoji Nishio Published by Aiki News.

(3)       « Hindouisme et Bouddhisme » de « Ananda K. Coomaraswamy, chez Folio Essais.

(4)       « Eloge de l’insécurité » d’Alan W. Watts Petite Bibliothèque Payot. 

  


El espíritu del Aikido

Entre todas las disciplinas marciales o deportes de combate, el aikido se distingue ciertamente por la ausencia de competición pero también y sobre todo por la voluntad marcada, y concretizada por la estructura misma del arte, de salir de una situación de conflicto con el menor daño posible. No solamente para sí mismo, sino también, y sobre todo, para el eventual agresor. Lo mejor siendo simplemente evitar el conflicto.

Este concepto tiene principalmente una finalidad práctica. No matar (en el pasado) o herir físicamente o mentalmente a su adversario – ni siquiera hacerle “perder la cara” – evitar dejar « marcas », físicas o psíquicas, que provocarían el espíritu de venganza, de vendetta.

Esta noción se entiende también en un plano mucho más elevado : no dejar marcas corporales o mentales pero también, idealmente, no dejar « marcas kármicas ». 

Esta idea está también profundamente enraizada en el budismo Zen. La voluntad de reducir al máximo las consecuencias de una defensa coincide con la búsqueda del acto natural donde toda « acción perfecta » se realiza « sin apegarse a los frutos ». Solo entonces no deja ninguna marca (1).

Otra manera de expresarlo consiste en hablar de una acción desinteresada y natural. Inclusive en lo que podemos llegar a tener que hacer para defendernos. Se trata de no hacer nada si no es realmente necesario o si no se impone naturalmente, Más aún, es necesario, en la práctica cotidiana de la disciplina, pensar en parar nuestro golpe, nuestra fuerza, nuestro impacto (Jo) o nuestro corte (Ken, Iaïto, Shinken) en el trabajo de los movimientos de base. De este modo, en un plano más elevado, trabajamos con un espíritu de clemencia, de misericordia

Esto era un leimotiv de Nishio Sensei (1927 – 2005) cuando enseñaba.

No es por casualidad que llamó a su única obra escrita sobre el Aikido (2) : « Aïkido –Yurusu Budo ». Lo que puede traducirse por : « Aikido - el Budo del perdón, de la mansedumbre ». 

La traducción inglesa de Yurusu Budo es : « Budo de la aceptación ». Según esta perspectiva, nuestra disciplina está basada sobre una aceptación recíproca, primero la de Tori (aquel que es atacado) que va a aceptar el ataque para luego por supuesto esquivarlo a último momento. Luego en el desarrollo de la técnica será Uke (el que ataca inicialmente) quien será llevado a aceptar un cambio importante de situación. Es por eso también que Nishio Sensei hablaba del Aikido como un intercambio, un ejercicio de recibimiento y de tolerancia.

Nishio Sensei repetía con frecuencia que en la mayoría de las técnicas, ya sea en la forma de manos vacías como con el Ken, el Jo o el sable, tenemos 4 o 5 oportunidades de terminar brutalmente el encuentro con un golpe (atemi a un punto vital), o en el caso del sable con un corte. El ideal de la práctica del Aikido es sin embargo de no hacer uso de esa posibilidad. Primero eso permite, en los Kumitachis que reproducen las técnicas de Aikido a manos limpias, efectuar el movimiento completamente. Pero también permite, por así decir, interrogar a nuestro « compañero-adversario » en cada etapa en la que se ejerce esta mansedumbre : queremos realmente eso?

 Nishio Sensei y Paul, CREPS Strasbourg 1996.

 

El Aikido ofrece así una nueva vía : la de un Budo del recibimiento, de la aceptación.

El Aikido ha sido creado por su fundador O Sensei Morihei Ueshiba para permitirnos seguir este camino : el de vivir, dejar vivir, recibir y perdonar a través de cada una de las técnicas de base.

Esta idea está presente desde el comienzo. En Aikido no hay « guardia » o una postura particular de espera que podría aparentarse a una provocación. Solamente una postura natural. El Kamae (la guardia) se caracteriza entonces como Mu-Kamae (« sin guardia »). Sin guardia física aparente, pero no a nivel mental donde la guardia (vigilancia y concentración) está bien presente. Con Nishio Sensei es el caso en el trabajo a manos vacías, pero también en trabajo con el Ken o el sable.

Luego encontramos también esta idea justo después del ataque, después del De-Ai (toma de contacto) donde se produce la fase importante de « Michibiki », « la conducción » o la dirección del compañero-adversario. Es en esta fase que se expresa todo el espíritu de la disciplina, ya que esta fase va a mostrar físicamente que los 2 actores del intercambio han pasado de una situación de oposición (antes y durante el ataque) a la del seguimiento de una misma dirección en la técnica que se desarrolla. Y si el movimiento se desarrolla tal como está previsto, los dos actores no son más que UNO, hasta la conclusión, el Ukemi o el control en el suelo (Osae).

Esta idea se expresa a la perfección en las palabras mismas de O Sensei : « El verdadero BUDO es una obra de Amor. Es dar la vida a todos los seres y no matar o luchar contra los otros. El Amor es la deidad protectora de todas las cosas. Nada puede existir sin él. El Aikido es una realización del Amor.

El verdadero BUDO es una protección amante de todos los seres en el espíritu de reconciliación. Reconciliación para realizar su propia misión El secreto está en armonizarse con el movimiento del universo y en ponerse de acuerdo con el universo mismo. »

Para llegar, aunque sea un poco, a acercarse a este camino, a este espíritu particular de apertura, de recibimiento, de tolerancia y finalmente de amor que debe sostener todo el trabajo en Aikido, es el ego lo que hay que reducir. Y el modo de practicar, la manera en que se lleva adelante el Keiko (la práctica) debe conducirnos a ello. Es la función misma del Dojo.

La palabra DOJO, que es inicialmente un término religioso, designa el lugar para llegar a la realización de la Vía. Es un lugar donde estamos expuestos, y donde se afrontaba, antaño, la vida y la muerte, la creación y la destrucción en sí mismo, la desnudez interior. Actualmente es el lugar donde no hay discriminación entre rico y pobre, jóven y viejo, hombre y mujer, fuerte y débil. Es el lugar en el que debería efectuarse una seria reducción del ego, a través del trabajo sobre sí mismo, ciertamente físico pero también mental. 

Cada sesión de entrenamiento debería vivirse como un Misogi. El concepto de Misogi viene aquí también a subrayar el aspecto particular que debería tomar cada sesión de Aikido. Misogi también es, en su origen, un termino religioso del sintoísmo. Designa una actividad ascética que busca la purificación de sí mismo. Es entonces a través de una práctica muy intensa, destinada a provocar un agotamiento físico y mental, en un espíritu de abnegación completa, que se efectúa un ejercicio de Misogi.

Chiba Sensei y Paul, CREPS Strasbourg 1975.

 

Los ejercicios de tipo Misogi tienen un lugar importante en la práctica de los Budos tradicionales. Por lo tanto, el fundador del Aikido, O Sensei, ferviente sintoísta, basó naturalmente su arte sobre el principio del Misogi. Aplicado a nuestra disicplina se trata, como decía Nakazono Sensei, de purificar el mundo purificandose a sí mismo gracias a la práctica del Aikido.

Practicar así hasta el agotamiento (Misogi) o practicar sabiamente con un rítmo más moderado como suele hacerse en nuestros clubes, las dos maneras son posibles. Pero hay que practicar al menos de manera regular y constante, para comprender poco a poco con el cuerpo, o con el fondo de uno mismo, y no simplemente con el intelecto lo que significa y lo que implica la armonía con un compañero.

Sin transformar cada Keiko en Misogi, dos elementos son esenciales para una sesión de Aikido que no falle su objetivo :

1°) La plena consciencia. La consciencia plena y entera de lo que hacemos y de lo que vivimos a cada instante es un elemento fundamental de la práctica. Es la puesta en práctica del principio que tanto apreciaba Nakazono Sensei : « Naka Ima » , « aqui y ahora ». Es una vigilancia y una presencia completa, exigida a cada instante. La vigilancia y la presencia que tendríamos si efectivamente se tratara de una cuestión de vida o muerte. No deberíamos jamás tener que excusarnos sobre un tatami por una indavertencia. Esta noción también enseñada repetidas veces por Nakazono Sensei está también muy presente en el Budismo Zen : no hacer nada con un espíritu ausente. (3) 

Nakazono Sensei y Paul, Centre sportif Universitaire Strasbourg 1973.

 

Y es la aplicación de esta plena consciencia la que, poco a poco, permite superar el ego, ir más allá de la dualidad sujeto-objeto, atacante-atacado y aprehender directamente, con su cuerpo y en lo más profundo de sí mismo, el concepto de la unidad fundamental que une a los dos compañeros en el movimiento.

 Chiba Sensei que era monje Zen, no decía otra cosa cuando afirmaba : « El gran error en el arte del sable es anticipar el desenlace del combate ; no debe buscar saber si terminará por una victoria o una derrota. Deje simplemente la naturaleza seguir su curso y vuestro sable cortará en el buen momento. Es lo mismo en Aikido. No hay que tomar una actitud dualística en este tema, como la mayoría de las personas que piensan en términos de « ganar y perder ».

En cambio, yo las comprendo como UNO, como ACCIÓN. El punto importante es que no se trata de una acción en el sentido ordinario, sino que se trata de lo que llamaría una ACCIÓN PURA. Lo que significa una acción que no tiene motivo ni finalidad pero que es una expresión corporal dinámica de su libertad, de su verdad y de su belleza interior : la creación interior. » 

2°) La actitud física. A esta actitud mental de la plena consciencia debe corresponder una actitud física particular durante la práctica del Aikido, la de la relajación física y la descontracción. Esta se lee facilente en los cuerpos y los rostros. Un rostro con los trazos tensos, o los hombros crispados y levantados son los signos más evidentes de la actitud que debemos proscribir. Desde luego la descontracción no significa la blandura o la flojedad, o la falta de esfuerzo muscular. Pero el trabajo del cuerpo, los esfuerzos proporcionados, la mobilización muscular deben ser naturales, minimizar y a término hacer desaparecer todas las crsipaciones parasitarias, que revelan nuestros temores, nuestros deseos de dominación, etc. Y eso libera o induce una respiración más natural, más profunda, que va a permitir un trabajo más armonioso.  

Pero no es más fácil que la atención. Porque con frecuencia la ausencia de crispación o simplemente de movimientos parásitos supone también una dosis considerable de desapego. Estar desapegado significa no estar tomado (sobre todo en el sentido mental) por su compañero o la situación. Es tan díficil, o a veces tan simple de realizar como la vigilancia extrema que se caracteriza como « plena consciencia ». 

En otro plano, hay que desapegarse también de sí mismo. En el plano más práctico, es fácil comprender que nos defendemos mal cuando nos apegamos demasiado a no perder nada, a no lastimarnos o a no perder la vida. Pero el desapego del que se trata aquí se encuentra más allá de lo que está en juego en un combate o una competición. Hay que buscar el abandono y el desapego de sí mismo, mismo cuando estamos en casa, sentados en meditación. Es aquí que encontramos nuevamente una noción muy antigua y frecuente en todas las grandes religiones (leer: Juan 12 – 25, el Bhâgavad Gîtâ , pero también Meister Eckhart, y Alan W. Watts (4) ). Se trata de la etapa más elevada de la reducción del ego, poco accesible al común de los mortales, pero que continúa siendo el objetivo de los buscadores de absoluto, ya sean practicantes de artes marciales o monjes. 

Élisabeth y Paul Muller, Mac Gill Universidad Montréal 2006.

 

Para concluir, podemos asociar muy fuertemente el espíritu del Aikido al espíritu del Zen. Hay que entender el Aikido como Zen en movimiento, donde la búsqueda se basa sobre la Unidad. Unidad con nuestros compañeros, pero también, como preconizaba Nakazono Sensei, unidad con el universo entero. Numerosos expertos citados en las lineas que preceden citan la misma palabra clave para encontrar ese camino : la palabra Amor. 

 

Paul Muller 7° Dan Aïkikaï 

 

.(1)  « El Bhâgava Gîtâ » de Alain Porte Ed. Aléa (edición de bolsillo). 

.(2)  “Aikido -Yurusu Budo “ por Shoji Nishio, Publicado por Aiki News. 

.(3)  « Hinduísmo y Budismo » de « Ananda K. Coomaraswamy , Folio Essais. 

.(4)  « Elogio de la inseguridad » de Alan W. Watts. Petite Bibliothèque Payot.

 


The Spirit of Aïkido

In the realm of martial arts or combat sports, Aikido is definitely unique in that there is an absence of competition, but also and above all, because of its stated intention to resolve a conflicting situation by causing the least possible damage to oneself as well as to the eventual attacker. Ideally, the goal would be to avoid all conflict. This spirit is clearly embodied by the very structure of this art.

This concept has first of all a practical purpose: not to kill (as was the case in the past), not to injure the opponent whether physically or mentally – not even to make him lose face – and thus avoid leaving any physical or mental “scars” that could trigger a feeling of revenge or seeking vendetta.

This notion also has much higher leanings which imply not leaving bodily or mental traces, but ideally speaking, not leaving any “karmic traces” either.

It is also profoundly rooted in Zen Buddhism. The wish to reduce as much as possible the consequences of a defensive movement is connected with the quest for a natural act whereby all “perfect action” is carried out “without having any attachment to its fruition”. It is only then that such an action leaves no trace (1).

A selfless and natural action is another way to describe it, including anything one might have to do to defend oneself. We do nothing unless it is strictly necessary or comes up as a natural solution. Actually, even in daily practice, it is important to think of stopping one’s blow, force, thrust (Jo) or cut (Ken, Iaïto, Shinken) when we practice the basic movements. This is how, on a higher level, one works in a spirit of forbearance and mercy.

This was Nishio Sensei’s motto (1927 – 2005) when he taught. It is not a coincidence that he entitled his only book (2) on Aïkido “Aïkido – Yurusu Budo”, that can be translated as “Aïkido – the Budo of forgiveness or forbearance”.

The English translation of the book calls it the “Budo of acceptance”. From this viewpoint, our discipline is based on mutual acceptance. To start with, the Tori (the one who is attacked) accepts the attack, dodging it at the very last moment. Then, as the technique unwinds, the Uke (the initial attacker) is required to accept an important change of situation. This is also why Nishio Sensei likened Aïkido to an exchange, an exercise of embracing, welcoming and tolerance.

Nishio Sensei often said that in most of the techniques – whether with bare hands, or with a Ken or Jo or sword – we have four or five opportunities to end brutally by striking a vital point with an atemi or by cutting with the sword. However, the ideal of Aïkido is not resorting to these solutions. Firstly, this allows one to perform the movement completely during Kumitachis that reproduce Aïkido techniques with bare hands. But through this forbearance, it also allows one to ask his “partner-opponent” at every step, “do we really want this?”

 Nishio Sensei and Paul, CREPS de Strasbourg 1996.

In this way, Aïkido offers a new path – that of a Budo of embracing, welcoming and acceptance.

Aïkido was created by its founder O Sensei Morihei Ueshiba to enable us to follow the path of being, letting be, welcoming and forgiving, through each of its basic techniques.

This notion is present from the very beginning. In Aïkido, there is no “on guard” position, nor any waiting posture in particular, since that would already be akin to a provocation. It is just a natural posture. Kamae (the stance) is thus defined as Mu-Kamae (“no stance”).  Surely, there is no visible physical stance, but mentally, the stance (vigilance and concentration) is very much present. With Nishio Sensei, it is true for bare-hand techniques, as well as with a Ken or a saber sword.

This notion is also reflected right after the attack, after the De-Aï (first contact) when an important phase occurs – that of “Michibiki” or the “handling” of the partner-opponent. It is in this phase that the whole spirit of Aïkido is conveyed, since it shows on a physical level how both actors in their interaction have switched from a situation of opposition (before and during the attack) to a situation where both of them agree to follow the same direction while performing the technique. If the movement unfolds accordingly, they become ONE, leading to the conclusion which is either an Ukemi or an on-ground control (Osae).

As O Sensei himself put it so beautifully: “Real BUDO is a labor of Love. It is about giving life to all beings and not killing or fighting against others. Love is the protector deity of all things. Nothing can exist without it. Aikido is a creation of Love. True BUDO is a loving protection of every being in a spirit of reconciliation. Reconciliation enables us to fulfill our mission. The secret resides in tuning into the movement of the universe and being in harmony with the universe itself.”

If one wants to really approach this path – this particular spirit of openness, acceptance and tolerance and thus ultimately that of love which should characterize all effort in Aïkido – it is essential to reduce the ego. And it is the way we practice and the way the Keiko (practice) is conducted that should lead to it. This is the very role of the Dojo.

The word DOJO, which is initially a religious term, refers to the place where one practices to attain the realization of the Path. It is a place where we are exposed, a place where in the olden days one faced life and death, but also inner creation and destruction, as well as inner nudity. Nowadays, at least, it is a place without discrimination, rich or poor, young or old, man or woman, strong or weak. It is a place where a true reduction of ego should take place through working on oneself both physically and mentally.

Each session should be experienced as a Misogi. The concept of Misogi emphasizes the particular aspect that each Aïkido session should take. It is also a religious term which has its origins in Shintoism. It refers to an ascetic activity aimed at purifying oneself. Thus, it is through an intensive practice, meant to provoke physical and mental exhaustion in a spirit of total abnegation that a Misogi exercise is carried out.

Chiba Sensei and Paul, CREPS Strasbourg 1975.

Exercises like Misogi play an important role in the practice of traditional Budos. This is why the founder of Aïkido, O Sensei, a devout Shintoist himself, based his art quite naturally on the Misogi principle. Applied to our discipline, it is about purifying the world by purifying oneself through the practice of Aïkido, as Nakazono Sensei used to say.

Practicing in this way to the point of exhaustion (Misogi) or practicing reasonably at a moderate pace as we generally do in our clubs – both ways are possible. But at the minimum, we need to practice on a regular and constant basis, in order to understand little by little with our body or deeply within ourselves, and not just at an intellectual level, what it means to be in harmony with a partner.

Without necessarily turning every Keiko into Misogi, there are two essential elements we need to apply to have a successful Aïkido session:

1°) Mindfulness. Being fully mindful and aware of what we do and experience each and every moment is a fundamental element of the practice. It is the implementation of the principle that is so dear to Nakazono Sensei: “Naka Ima”, “Here and now”. It is complete alertness and total presence that is required of us at every moment, just like the one we would have if we were dealing with a real life-and-death issue. We should never create a situation where we would have to apologize for an action made inadvertently on a tatami. This notion, expressed repeatedly by Nakazono Sensei, is also very present in Zen Buddhism: not doing anything absentmindedly.

Nakazono Sensei and Paul, Centre sportif Universitaire Strasbourg 1973.

It is this practice of mindfulness-awareness that gradually enables us to overcome ego, to go beyond the duality of subject-object, attacker-attacked, and to get direct insight through our body and essence into the basic unity that binds the two partners in movement.

Chiba Sensei, who was also a Zen monk, expressed the same idea : “The big mistake in the art of the sword is to pre-empt the outcome; you should not seek to know whether it would end in victory or defeat. Just let nature take its course and your sword will hit at the right time. The same is true in Aïkido. One should not adopt a dualistic attitude like most people do when they think in terms of “winning or losing”.

Instead, I see them as ONE, as an ACTION. The point here is that it is not about an action in the ordinary sense, but what I would call a PURE ACTION. This means an action without any motive or purpose. It is just a dynamic bodily expression of one’s liberty, one’s truth and inner beauty: the inner creation.”

2°) Physical attitude. During Aïkido practice, the mental attitude of mindfulness-awareness should go hand-in-hand with a certain physical attitude, which is physical loosening-up or relaxation. It is easily perceptible on bodies and faces. A scowling face and tense hunched up shoulders are the most obvious signs of an attitude that should be avoided. However, loosening up does not mean limpness or lack of muscular effort. The bodily work and exertion, as well as the muscle mobilization should be natural and smooth, minimizing and eventually eliminating all parasitic tensions that betray our fears, desire of domination etc. This triggers a more natural and deeper breathing that allows a more seamless and balanced practice.

But this is not any easier than remaining focused, because very often, absence of tension or simply of parasitic movements also implies having a good amount of detachment. Being detached means not getting caught up (especially on a mental level) by one’s partner or by the situation. This can be as difficult – or at times as simple – to apply as extreme alertness that we call “mindfulness-awareness”.

On another level, one also needs to be detached from oneself.

On the most practical level, it is easy to understand that we defend ourselves poorly when we are too keen on not losing anything, not getting hurt or not risking our life.

But the notion of detachment here is far beyond what is at stake in a competition or sparring. We must seek to give ourselves up and be self-detached, even as we are sitting alone meditating at home. Again, it is the same as this very ancient and widespread notion that is present in all major religions [see: John 12-25, The Bhagavad Gita, and also Meister Eckhart and Alan W. Watts (4)].

It is the highest stage in terms of ego reduction, often out of reach for ordinary people, but always the goal of all those who seek the absolute, whether they are martial artists or monks.

Élisabeth and Paul Muller, Mac Gill University Montreal 2006.

In conclusion, the spirit of Aïkido is very strongly connected to Zen spirit. Aikido should be understood as Zen in motion, where the quest is focused on Unity. It is about being in union with a partner, but also as Nakazono Sensei said, it is about being in union with the entire universe. Many of the experts quoted above use the same keyword to find this path : Love.

 

Paul Muller, 7th Dan Aïkikai

  

(1) “La Bhagavad Gita”, by Alain Porte, Ed. Aléa (édition de poche).

(2) “Aïkido – Yurusu Budo”, by Shoji Nishio, published by Aiki News.

(3) “Hinduism and Buddhism”, Ananda K. Coomaraswamy, edited by Golden Elixir Press.

(4) “The Wisdom of Insecurity”, by Alan W. Watts, edited by Pantheon Books


 

Die geistige Haltung des Aikido

 

Offenkundig unterscheidet sich das Aikido von allen Kampfkunst- und Kampfsportarten dadurch, dass es keine Wettkämpfe kennt. Doch der eigentliche Unterschied liegt vor allem in der Absicht (bzw. dem Willen) des Aikido-Praktizierenden, aus einer Konfliktsituation mit dem kleinstmöglichen Schaden herauszukommen – sowohl für sich selbst wie auch für den Angreifer. Dieser Wille wird durch die Struktur der Kampfkunst sowohl offengelegt als auch verwirklicht. Im besten Fall geht man dem Konflikt ganz einfach aus dem Weg.

Diese Haltung hat zunächst einen praktischen Zweck: Den Gegner nicht zu töten (in früheren Zeiten) oder physisch oder mental zu verletzen – ihn nicht einmal das Gesicht verlieren zu lassen –, das soll verhindern, physische oder psychische «Spuren» zu hinterlassen, die ihrerseits die Haltung der Rache oder Vendetta hervorrufen könnten.

Diese Idee lässt sich auch auf eine viel höher gelegene Ebene übertragen: Gewiss, hinterlasse keine körperlichen oder mentalen Spuren, aber hinterlasse auch geistig keine «karmischen Spuren»!

Die Idee ist auch tief im Zen-Buddhismus verankert: Der Wille, die Konsequenzen einer Verteidigung in der bestmöglichen Weise kleinzuhalten, trifft sich mit der Suche nach dem natürlichen Akt, in dem die «vollkommene Handlung» verwirklicht wird, ohne dass man sich dabei auf das Resultat fixiert. Nur dann hinterlässt die Handlung keine Spuren (1).

Eine andere Art, dies auszudrücken, besteht in der Rede von einer interesselosen und natürlichen Handlung. Sie schliesst jene Fälle mit ein, wo man unter Umständen etwas tun muss, um sich zu verteidigen. Es geht darum, nichts zu tun, wenn es nicht wirklich notwendig ist oder wenn es sich nicht natürlicherweise aufdrängt. Zudem sollte man schon im alltäglichen Üben des Aikido daran denken, seinen Schlag, seine Kraft, seinen Hieb (Jo) oder seinen Schnitt (Ken, Iaito, Shinken) beim Trainieren der Basisbewegungen anzuhalten. Dadurch übt man auf einer höheren Ebene mit einer Haltung der Nachsicht und Barmherzigkeit.

Das war ein Leitmotiv des Unterrichts von Nishio Sensei (1927-2005).

Es ist nicht zufällig, dass er seinem einzigen über das Aikido geschriebenen Werk (2) den Titel „Aikido – Yurusu Budo“ gegeben hat. Das lässt sich übersetzten mit: „Aikido – das Budo des Verzeihens, der Nachsichtigkeit“.

Die englische Übersetzung des Werks gibt „Yurusu Budo“ mit „Budo of acceptance“ wieder. In dieser Hinsicht ist unsere Disziplin auf eine gegenseitige Akzeptanz gegründet: zuerst auf diejenige des Tori (der Angegriffene), der den Angriff akzeptieren wird, selbstverständlich um im letzten Moment auszuweichen. Und im Verlauf der Technik wird es Uke (der anfängliche Angreifer) sein, der dazu geführt wird, eine wichtige Situationsänderung zu akzeptieren. Das ist auch der Grund, wieso Nishio Sensei das Aikido als eine Art Austausch bezeichnete, als Übung des Empfangens und der Toleranz.

Nishio Sensei wiederholte oft, dass man bei den meisten Techniken – seien sie mit blossen Händen, mit dem Boken, dem Jo oder dem Schwert ausgeführt – vier bis fünf Gelegenheiten hat, die Angelegenheit brutal mit einem Schlag zu beenden (ein Atemi auf einen vitalen Punkt) – oder beim Schwert mit einem Schnitt. Das Ideal der Ausübung des Aikido ist es aber, keinen Gebrauch davon zu machen. In erster Linie ermöglicht uns das die vollständige Ausführung der Aikido-Bewegung in den Kumitachis, in denen die eigentlich waffenlosen Aikido-Techniken mit Waffen durchgeführt werden. Aber es erlaubt uns auch in einem gewissen Sinn unseren «Partner-Gegner» in jeder Phase, in der diese Nachsicht zum Ausdruck kommt, zu fragen: „Wollen wir das wirklich?“

 Nishio Sensei und Paul, CREPS Strasbourg 1996.

 

Das Aikido bietet so einen neuen Weg an: den Weg eines Budos des Empfangs, der Akzeptanz.

Das Aikido wurde von seinem Begründer O Sensei Morihei Ueshiba ins Leben gerufen, um das Begehen dieses Weges zu ermöglichen: über jede der Grundtechniken die folgenden Ziele zu verwirklichen: leben, leben lassen, empfangen, verzeihen.

Diese Idee ist von Anfang an gegenwärtig. Im Aikido gibt es keine besondere Kampfbereitschafts- oder Wartehaltung, keine «Garde», die schon den Anschein einer Provokation erwecken könnte, sondern nur eine natürliche Körperstellung. Das Kamae (die «Garde» oder Ausgangsstellung) des Aikido wird daher als Mu-Kamae («Ohne-Garde») charakterisiert: die «Garde» ist physisch nicht sichtbar, aber auf der mentalen Ebene (Wachsamkeit und Konzentration) ist sie völlig präsent. Das ist bei Nishio Sensei sowohl im waffenlosen Aikido als auch mit dem Boken oder dem Schwert der Fall.

Man findet diese Idee auch gleich nach dem Angriff, nach dem De-Ai (dem Zustandekommen des Körperkontakts), wo sich die wichtige Phase des «Michibiki» einstellt, der «Führung» des Partner-Gegners. In dieser Phase kommt die ganze geistige Haltung des Aikido zum Ausdruck, weil sich in dieser Phase physisch zeigt, dass in der wechselseitigen Interaktion die zwei Akteure von einer Situation der Gegnerschaft (vor und während des Angriffs) zu einer Situation des Befolgens einer selben Richtung in der sich entfaltenden Technik übergegangen sind. Wenn sich die Bewegung nun wie vorgesehen entwickelt, dann bilden die beiden bis zum Schluss – dem Ukemi oder der Festhaltung am Boden – nur noch eine EINHEIT.

Das ist am besten in den eigenen Worten von O Sensei ausgedrückt: „Das wahre Budo ist ein Werk der Liebe. Es besteht darin, allen Wesen das Leben zu schenken und weder zu töten noch gegen die Anderen zu kämpfen. Die Liebe ist die schützende Gottheit aller Dinge. Nichts kann ohne sie existieren. Das Aikido ist eine Verwirklichung der Liebe. Das wahrhafte Budo ist ein liebender Schutz aller Wesen im Geist der Versöhnung – man versöhnt sich, um seine eigene Mission zu erfüllen. Das Geheimnis liegt darin, mit der Bewegung des Universums zu harmonieren und sich mit dem Universum selbst in Einklang zu bringen.“

Um diesem Weg – sei es auch nur ein kleines Bisschen – näher zu kommen, dieser Haltung der Offenheit, des Empfangs, der Toleranz, also letztlich der Liebe, die jedem Aikido zugrunde liegen sollte, muss man das eigene Ego verkleinern. Die Weise des Übens, die Art wie das Keiko (das Training) geführt wird, muss dorthin führen. Das ist die eigentliche Rolle des Dojos.

Das Wort Dojo, ursprünglich ein religiöser Begriff, bezeichnet den Ort, der dazu da ist, die Verwirklichung des Weges zu erreichen. In früheren Zeiten war es ein Ort, an dem man dem Leben und dem Tod, der Schöpfung und der Zerstörung in einem selbst, der inneren Nacktheit ausgesetzt war und gegenüberstand. Heute ist es zumindest ein Ort, an dem es keine Diskriminierung zwischen Armen und Reichen, Jungen und Alten, Männern und Frauen, Starken und Schwachen gibt. Es ist der Ort, an dem sich durch die physische aber auch mentale Arbeit an einem selbst eine ernsthafte Verkleinerung des Egos vollziehen sollte.

Jede Trainingseinheit sollte wie ein Misogi gelebt werden. Das Konzept des Misogi unterstreicht hier auch den besonderen Aspekt, den jede Aikido-Trainingseinheit annehmen sollte. Ursprünglich ebenfalls ein religiöser Begriff, ein Begriff des Shintoismus, bezeichnet Misogi eine asketische Aktivität mit dem Zweck, sich selbst zu reinigen. Eine Misogi-Übung vollzieht sich über ein sehr intensives Trainieren, das darauf abzielt, in einer Haltung der völligen Selbstaufgabe eine körperliche und mentale Erschöpfung hervorzurufen.

Chiba Sensei und Paul, CREPS Strasbourg 1975.

 

Die Übungen im Sinne des Misogi nehmen eine wichtige Rolle in der Ausübung der traditionellen Budo-Arten ein. Folglich war es ganz selbstverständlich, dass der Begründer des Aikido, O Sensei, der selbst eifriger Shintoist war, seine Kampfkunst auf das Prinzip des Misogi gegründet hat. Angewendet auf unser Üben, geht es – wie Nakazono Sensei zu sagen pflegte – darum, die Welt zu reinigen, indem man sich selbst durch die Ausübung des Aikido reinigt.

In diesem Sinne bis zur Erschöpfung (Misogi) zu trainieren oder massvoll in einem bescheideneren Rhythmus zu trainieren, wie es in unseren Vereinen gehandhabt wird – beide Varianten sind möglich. Aber man muss wenigstens regelmässig und konstant trainieren, um nach und nach mit dem Körper oder dem «innersten Selbst» und nicht nur mit dem Verstand zu verstehen, was Harmonie mit einem Trainings-Partner bedeutet und impliziert.

Ohne jedes Keiko in Misogi umwandeln zu wollen, sind doch zwei Elemente wesentlich für eine Aikido-Trainingseinheit, die nicht ihr Ziel verfehlt:

1. Das volle Bewusstsein: In jedem Augenblick das volle und ganze Bewusstsein davon zu haben, was man macht, und davon, was man erlebt, ist ein fundamentales Element des Übens. Es ist die Umsetzung eines Prinzips, das Nakazono Sensei sehr am Herzen lag: «Naka Ima», «hier und jetzt». Es handelt sich dabei um eine vollständige Wachsamkeit und geistige Präsenz, die jeden Augenblick gefordert ist. Sie ist dieselbe, die wir hätten, wenn es tatsächlich um Leben und Tod ginge. Auf den Tatamis sollte es folglich nie vorkommen, dass man sich für eine Handlung entschuldigen muss, die man aus Versehen gemacht hat. Dieses ebenfalls mehrfach von Nakazono Sensei erwähnte Konzept ist auch im Zen-Buddhismus sehr gegenwärtig: Man soll nichts mit einem abwesenden Geist tun. (3)

Nakazono Sensei und Paul, Centre sportif Universitaire Strasbourg 1973.

 

Es ist die Verwirklichung dieses vollen Bewusstseins, das es nach und nach erlaubt, das Ego zu überwinden, jenseits der Dualität von Subjekt und Objekt, von Angreifer und Angegriffenem zu gehen und unvermittelt, mit dem eigenen Körper und im Innersten von sich selbst das Konzept der fundamentalen Einheit zu begreifen, das die zwei Partner in der Bewegung verbindet.

Chiba Sensei, der auch Zen-Mönch war, sagte nichts anderes, als er behauptete: „Der grosse Fehler in der Schwertkunst liegt darin, den Ausgang des Gefechts vorwegzunehmen; ihr sollt nicht danach trachten, zu wissen, ob es mit einem Sieg oder in einer Niederlage enden wird. Lasst einfach die Natur ihren Lauf nehmen und euer Schwert wird im richtigen Moment treffen. Im Aikido ist es dasselbe. Man soll in dieser Hinsicht keine dualistische Haltung einnehmen wie die Mehrheit der Leute, die in Begriffen von «gewinnen und verlieren» denkt.“

Und er fügte hinzu: „Stattdessen verstehe ich diese Begriffe hinsichtlich der Handlung als EINS seiend. Der wichtige Punkt ist, dass es sich nicht nur um eine Handlung im geläufigen Sinn handelt, sondern um das, was ich eine REINE HANDLUNG nennen würde. Das heisst, eine Handlung, die weder ein Motiv, noch ein Ziel, aber dafür einen dynamischen körperlichen Ausdruck von ihrer Freiheit hat, von ihrer Wahrheit und von ihrer inneren Schönheit: der inneren Schöpfung.“

2. Die körperliche Haltung: Der geistigen Haltung des vollen Bewusstseins muss während des Übens des Aikidos eine ganz bestimmte körperliche Haltung entsprechen: jene der körperlichen Lockerheit, der Entspanntheit. Sie lässt sich ganz einfach vom Gesichtsausdruck und von der Körperhaltung ablesen. Das verkniffene oder verkrampfte Gesicht, die angespannten und hochgezogenen Schultern sind die offensichtlichsten Zeichen derjenigen Haltung, die zu vermeiden ist. Körperliche Lockerheit, die gesuchte Haltung, bedeutet aber nicht Schlaffheit oder das Fehlen von muskulärem Kraftaufwand. Aber die Arbeit des Körpers, die hervorgebrachten Anstrengungen, die muskulären Bewegungen sollen natürlich sein: Alle unerwünschten Spannungen, die Ausdruck für unsere Ängste, unser Wünsche nach Herrschaft usw. sind, müssen minimisiert und letztendlich zum Verschwinden gebracht werden. Dies befreit eine natürlichere und tiefere Atmung (oder führt sie herbei), die eine harmonischere Zusammenarbeit ermöglichen wird.

Doch diese körperliche Haltung ist nicht einfacher zu erreichen als die geistige Aufmerksamkeit. Denn sehr oft setzt die Abwesenheit von Spannungen oder einfach von unerwünschten Bewegungen eine nicht zu vernachlässigende Dosis der «Gleichgültigkeit» voraus. Gleichgültig zu sein, das heisst hier, dass man sich nicht von seinem Partner oder von der Situation gefangen nehmen lässt (vor allem im mentalen Sinn). Das ist genauso schwierig – oder manchmal einfach – zu verwirklichen, wie die extreme Wachsamkeit, die man als «volles Bewusstsein» umschreibt. Auf einer anderen Ebene impliziert das auch, dass man sich von sich selbst lösen muss. In praktischer Hinsicht ist es einfach zu verstehen, dass man sich schlecht verteidigt, wenn man zu stark daran festhält, nichts zu verlieren, sich nicht zu verletzten oder nicht das Leben zu verlieren. Aber die Gleichgültigkeit, um die es hier geht, steht jenseits der Ebene, wo ein Kampf oder ein Wettkampf auf dem Spiel steht. Man muss sich darin üben, sich gehen zu lassen und sich von sich selbst loszulösen, selbst dann, wenn man alleine bei sich zuhause sitzt und meditiert.

Hier finden wir erneut ein sehr altes Konzept wieder, das in allen grossen Religionen verbreitet ist (man lese dazu Johannes 12-25, die Bhagavad Gita, aber auch Meister Eckhart und Allan W. Watts) (4). Es handelt sich um die höchste Ebene der Verkleinerung des Egos, die von den Normalsterblichen kaum zu erreichen ist, aber schon immer das Ziel derjenigen war, die das Absolute suchen, seien sie Kampfkünstler oder Mönche.

Élisabeth und Paul Muller, Mac Gill Universität Montreal 2006.

Um es auf einen Schlusspunkt zu bringen: Man kann die geistige Haltung des Aikido sehr stark mit der geistigen Haltung des Zen in Verbindung bringen. Man muss das Aikido wie ein «Zen-in-Bewegung» verstehen, bei dem die geistige Suche auf die Einheit ausgerichtet ist: Vereinigung mit einem Partner, aber auch, wie Nakazono Sensei sagt, Vereinigung mit dem ganzen Universum. Viele der oben zitierten Meister nennen dasselbe Schlüsselwort um diesen Weg zu finden: die Liebe.

 

Paul Muller, 7. Dan Aikikai

 

(1) „La Bhâgava Gîta“ de Alain Porte, Ed. Aléa (édition de poche).

(2) „Aikido – Yurusu Budo“ by Shoji Nishio, published by Aiki News.

(3) „Hindouisme et Bouddhisme“ de Ananda K. Coomaraswamy, chez Folio Essais.

(4) „Eloge de l’insécurité“ d’Alan W. Watts, Petite Bibliothèque Payot.

 

Übersetzung : Patrick Engel,  Aikikai Zürich.

 

 

Parmi toutes les disciplines martiales ou sports de combat l’aïkido se distingue certes par l’absence de compétition mais aussi et surtout par la volonté affichée et concrétisée par la structure même de l’art, de se sortir d’une situation conflictuelle avec le moins de dégâts possible. Non seulement pour soi-même mais aussi et surtout pour l’éventuel agresseur. L’optimum étant d’éviter le conflit tout simplement.

Ce concept est d’abord à finalité pratique. Ne pas tuer (autrefois) ou blesser physiquement ou mentalement son opposant – ne pas même lui faire perdre la face –, cela doit éviter de laisser des « traces », physiques ou psychiques, qui elles déclencheraient l’esprit de revanche, de vendetta.

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Notre fédération a vu le jour en septembre 1983 suite à l’explosion de l’UNA-FFJDA (Union Nationale d’Aïkido , entité semi-autonome au sein de la Fédération Française de Judo et disciplines Associées) l’année précédente, trop de pratiquants même parmi les anciens l’ignorent.

Il est toujours très étonnant pour moi de voir et d’entendre les pratiquants d’Aïkido de la FFAAA agir, parler et écrire comme si l’Aïkido français était brusquement apparu en 1983.

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